Conclusion
Beaucoup d'événements qui se sont produits à l'époque du Cinquième Dalaï-Lama sont voilés par des récits contradictoires sur les circonstances et le déroulement des luttes de pouvoir. Mais, une chose est certaine : à partir de l'époque du Cinquième Dalaï-Lama, la tradition géloug a joui d'un plus grand pouvoir et sa zone d'influence s'est étendue presque à toutes les tribus mongoles et même jusqu'aux empereurs de la dynastie Qing. Par ailleurs, la tradition géloug a également souffert de davantage de luttes de pouvoir et de scandales impliquant des êtres illuminés, ce qui a rendu le Tibet sujet au contrôle des puissances étrangères.
Le déchiffrement de cette histoire est rendu plus compliqué par le fait qu'il n'existe pas de comptes rendus détaillés ni sur les événements ni sur la construction des édifices et que notre connaissance repose principalement sur la tradition orale. Beaucoup peuvent témoigner des qualités de raconteurs exceptionnelles de la dernière génération des lamas et géshés nés au Tibet qui étaient capables de garder leurs auditoires suspendus à leurs lèvres alors qu'ils racontaient avec force détails des événements survenus 500 ans auparavant. Toutefois, le but de tels récits était de transmettre avec le plus d'impact possible la morale de l'histoire sans égard à la véracité historique des faits.
De nos jours, les récits oraux sont regardés avec suspicion parce que, comme ç'a été le cas en occident, ces récits sont souvent exagérés et/ou transformés pour remplir des desseins politiques. La plupart des Tibétains instruits qui connaissaient l'histoire du Tibet sont aujourd'hui décédés. En outre, étant donné qu'il n'y avait, au Tibet, ni machines à écrire ni presses à imprimer modernes, beaucoup de textes dont les blocs xylographiques ont disparu après l'invasion chinoise et les destructions systématiques survenues au cours des années cinquante et soixante. Néanmoins, la seule existence d'un temple où se trouvent des peintures datant de plusieurs siècles peut difficilement être ignorée comme source d'information sur l'histoire de Dordjé Shougden au Tibet.
Ironiquement, il est plus facile aujourd'hui d'écrire sur ce sujet qu'il l'aurait été il y a dix ans. Grâce à de fructueux projets comme le « Tibetan Buddhist Resource Center » et le « Tibet Heritage Fund », plus d'informations sont maintenant disponibles pour de telles recherches. Ce court survol pourra être augmenté au fur et à mesure que de nouvelles sources seront disponibles.
