Ngawang Khedrup (1779-1838)

Ngawang Khedrup (1779-1838)1 est né en Mongolie et, alors qu'il était enfant, il se rendit à Urga pour prendre ses voeux de moine. Il entra au monastère de Tashi Chopheb pour étudier le Pramana-vartika. Puis, il partit pour le Tibet où il entra au collège de Drépung Gomang pour étudier les cinq sciences classiques. Après avoir obtenu le titre de Rabjampa, il retourna en Mongolie. À Urga, il devint le Grand Patriarche et l'empereur Daoguang lui donna le titre de Chef Suprême Khenpo2.

Parmi ses professeurs, il y eut le Quatrième Jetsun Dampa, le Huitième Dalaï-Lama et le Second Retreng Rimpoché qui fut l'un des premiers à promouvoir la pratique de Dordjé Shougden au sein de la tradition géloug. Voici ce qui est écrit dans le Tibetan Buddhist Resource Center (TBRC) à propos des oeuvres complètes de Ngawang Khedrup3 :

Le maître Mongol Ngagwang Khedrup (1779-1838), qui fut abbé du Collège de la pratique d'Hévajra à Urga (maintenant Ulan Bator), compte parmi les plus grands enseignants de la tradition gélougpa. Les cinq volumes originaux ont été imprimés à partir des blocs d'Urga.

Ses écrits couvrent un vaste de champ de sujets : sadhanas, hagiographies des incarnations de Jetsun Dampa, lam-rim, ainsi qu'un texte traitant de la mort, du bardo et de la renaissance4. Ngawang Khedrup semble avoir eu des affinités avec le Bouddha Maitreya puisque l'on trouve dans ses oeuvres plusieurs sadhanas et hommages consacrés à Bouddha Maitreya. Ses oeuvres contiennent un guide d'une statue de Maitreya haute de 120 pieds qu'il fit construire. On en trouve des allusions dans un ouvrage intitulé Mongolia and the Mongolians5 :

Le burkhan de Maidari, à cause de ses dimensions et de sa symétrie, peut être considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de l'art chinois. La déité est représentée assise sur un trône supporté par des lions et sa hauteur, des pieds au sommet de la tête, égale celle de quatre tokhai mongols... Le burkhan a été coulé en cuivre et recouvert d'une épaisse couche de dorure. Ses parois ont plus d'un vershok d'épaisseur et l'espace à l'intérieur, comme pour tous les burkhans, est rempli de feuilles sur lesquelles des prières sont écrites. On y trouve également certaines reliques de Djé Tsongkhapa. Les fonds pour la fonte de ce burkhan ont été amassés dans toute la Mongolie.

Sa relation avec Dordjé Shougden est mentionnée dans l'introduction du be bum consacré à Dordjé Shougden par Lobsang Tamdin. À l'époque où il étudiait à Lhassa, il fut faussement accusé par une personne malintentionnée d'avoir brisé ses voeux de moine. Il alla consulter l'oracle de Nétchung pour savoir ce qu'il devait faire. Nétchung lui répondit que seul Dordjé Shougden avait la capacité de discerner le vrai du faux à propos de tels sujets. Il se rendit alors au Trodé Khangsar pour amener l'affaire devant Dordjé Shougden. Cette controverse fut rapidement résolue et il retourna en Mongolie6./p>

On trouve dans ses écrits une courte prière adressée à Sonam Dragpa, bsod nams grags pa'i rnam thar gsol 'debs7, dans laquelle il dit que le protecteur du Dharma Dordjé Shougden était une émanation de la sagesse omnisciente de Panchen Sonam Dragpa. Comme nous le verrons, le disciple de Ngag dbang mkhas grub (Ngawang Khedrup) appelé Ngag dbang ye she thub bstan (Rabjampa Ngawang Lobsang) a écrit divers rituels consacrés à Dordjé Shougden, ainsi qu'un texte important qui a été cité par beaucoup de maîtres géloupas du 20e siècle. Ceci est un exemple du fait que l'importance accordée à Dordjé Shougden en Mongolie a pris de l'ampleur de génération en génération pour culminer à l'époque de Lobsang Tamdin.


1 TBRC Person RID: P4699.

2 Chandra, Lokesh (1963). Materials for a History of Tibetan Literature. International Academy of Indian Culture: New Delhi. pp. 10-11.

3 TBRC Work RID: W16912. Notons en passant qu'il y eut un collège de la tradition géloug dédié à la pratique d'Hévajra jusque vers la fin du 19e siècle.

4 On trouve dans ce texte un passage souvent cité où l'auteur écrit qu'au moment où apparaît la Claire Lumière de la mort, les êtres ordinaires sont terrifiés à la peur d'être annihilés. Passage cité dans de nombreux livres, dont Reflections on Reality par Jeffrey Hopkins, p. 25, University of California Press (2002).

5 Pozdneev (1971-1977), p. 61.

6 Lobsang Tamdin (1975), vol. X, pp. 399-400.

7 Guru Deva Rinpoche (1984), pp. 119-130.